- À moins d’une semaine du vote de confiance du 8 septembre, Amélie de Montchalin déroule la boussole du budget 2026 : économies « acceptables », taxation renforcée des hauts revenus et transfert d’une partie des charges du travail vers le patrimoine et le capital.
- Objectif : « trouver des points d’accord » sans renoncer à la justice fiscale.
À moins d’une semaine du vote de confiance prévu le 8 septembre, le gouvernement multiplie les gestes d’ouverture. Invitée de Franceinfo mercredi matin, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a détaillé les pistes destinées à rallier une majorité autour du budget 2026. Dans l’entourage de l’exécutif, François Bayrou « tend la main » aux socialistes. La ministre, elle, veut croire à une zone de convergence : « Ils savent que nous sommes prêts à travailler (…) il y a plein de points d’accord. »
Le message est calibré pour convaincre la gauche de soutenir, au moins partiellement, la trajectoire budgétaire. Montchalin met en avant un double cap : des économies “acceptables” socialement et une “justice fiscale” plus visible. L’idée : montrer que l’effort ne pèse pas seulement sur les actifs et que les plus hauts revenus contribueront davantage.
Jours fériés : pas sans contreparties
Sujet le plus inflammable, la suppression d’un à deux jours fériés n’est plus un totem. La ministre en fixe la condition sine qua non : « Cette mesure ne peut être compréhensible et acceptée par les Français que si elle s’accompagne d’un gain sur les salaires, la participation, sinon elle n’est pas acceptable. »
Autrement dit, pas de “travailler plus” sans “gagner plus” : des hausses visibles sur la fiche de paie (salaire, participation, intéressement) seraient le préalable à toute réforme des jours chômés.
Les hauts revenus dans le viseur : holdings, sur-optimisation et seuils patrimoniaux
Sans renier l’initiative privée, Amélie de Montchalin pose sa « ligne rouge ». « Soutenir les chefs d’entreprise, oui », dit-elle, « mais c’est intolérable de s’organiser pour ne pas payer l’impôt ».
Sur le terrain technique, la ministre avance pas à pas. « Nous avons travaillé plusieurs options », glisse-t-elle : resserrer via les holdings, activer des mécanismes anti “sur-optimisation”, avec un cap chiffré — « au moins 2 milliards d’euros » issus de la lutte contre la fraude et les montages des plus aisés.
« Soit on taxe via les holdings, soit on regarde les hauts patrimoines — est-ce 2 millions, est-ce 5 millions ? — et on s’assure qu’ils ont payé l’impôt que tous les Français payent », explique la ministre.
En creux, l’exécutif dessine une contribution renforcée des grandes fortunes et un resserrement des schémas d’optimisation qui faisaient jusqu’ici écran à l’impôt.
Rééquilibrer le financement de la solidarité nationale
Au-delà de la seule fiscalité des plus aisés, Amélie de Montchalin veut déplacer le centre de gravité du financement social. « Il faut que les actifs ne soient pas les seuls à financer la solidarité nationale pour 70 millions de Français », pose-t-elle.
La méthode, dit-elle, consiste à « re-répartir l’effort ». Concrètement, une partie des cotisations sur le travail serait « re-répartie sur toutes les richesses » : on allège les charges des entreprises « pour qu’elles puissent investir et vous augmenter », on allège celles des salariés « pour que directement sur votre fiche de paie il y ait plus d’argent ». Selon elle, la compensation viendrait d’« autres impôts », comme le foncier, l’héritage, le capital, l’épargne, et peut-être la consommation.
En clair : alléger le coût du travail pour soutenir l’investissement et le pouvoir d’achat, tout en élargissant l’assiette vers le patrimoine et les revenus du capital.
