- La Commission européenne propose de retaxer une partie des importations israéliennes et de sanctionner deux ministres, au nom de « l’amélioration de la situation humanitaire à Gaza ».
- Entre calculs diplomatiques et levier commercial, l’UE met Israël sous pression ; Tel-Aviv promet une « réponse appropriée » et un bras de fer s’ouvre à Bruxelles.
La Commission européenne a proposé mercredi de réimposer des droits de douane sur une partie des produits israéliens entrant dans l’Union et de sanctionner deux ministres d’extrême droite du gouvernement de Benyamin Netanyahou : Itamar Ben-Gvir (Sécurité nationale) et Bezalel Smotrich (Finances). Objectif affiché : créer un levier politique et humanitaire sans rompre le cadre commercial.
« Je veux être très claire, le but n’est pas de punir Israël. Le but est d’améliorer la situation humanitaire à Gaza », a indiqué Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie de l’UE
Ce que Bruxelles met sur la table
Sur le plan commercial, l’exécutif européen veut retirer, pour certains produits, les préférences de l’accord d’association UE–Israël afin d’appliquer les droits “OMC”. Selon les estimations transmises aux États membres, la mesure renchérirait d’environ 227 millions d’euros par an le coût de certaines importations israéliennes, pour un périmètre couvrant près de 37 % des volumes concernés (15,9 milliards d’euros). Les produits agro-alimentaires, notamment les fruits et leurs dérivés, seraient les plus touchés, avec des droits compris entre 8 % et 40 %.
Parallèlement, la Commission propose des sanctions individuelles (gel d’avoirs, interdiction de séjour) visant Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich, et défend le principe de mesures contre des colons israéliens extrémistes.
Réaction immédiate d’Israël
À Jérusalem, le gouvernement exhorte Bruxelles à ne pas aller de l’avant et promet des contre-mesures. « Les recommandations de la Commission européenne sont des perversions morales et politiques », a affirmé Gideon Saar, ministre des Affaires étrangères d’Israël
« Toute action contre Israël recevra une réponse appropriée. » — Gideon Saar
Le chef de la diplomatie israélienne avait déjà assuré, dans un courrier adressé à Ursula von der Leyen, que « la pression par des sanctions ne fonctionnera pas ».
Une adoption semée d’embûches au Conseil
Le volet commercial pourrait théoriquement passer à la majorité qualifiée des Vingt-Sept. Mais plusieurs capitales — Allemagne et Italie en tête — s’étaient déjà opposées, il y a quelques semaines, à des options jugées moins ambitieuses.
Les sanctions individuelles, elles, requièrent l’unanimité. Or, une tentative en août 2024 de sanctionner Ben-Gvir et Smotrich avait échoué faute d’accord.
« Je pense que les lignes politiques sont très similaires à celles qui ont été jusqu’à présent. » — Kaja Kallas
Enjeux économiques : l’UE, premier partenaire d’Israël
L’Union européenne demeure le premier partenaire commercial d’Israël. Le rétablissement de droits de douane sur près de 37 % des importations israéliennes pourrait peser sur les chaînes d’approvisionnement agro-alimentaires et provoquer une hausse des prix à l’entrée du marché européen, au moins transitoire.
Les filières fruits et produits transformés seraient en première ligne, tandis que d’autres segments pourraient être épargnés selon la liste finale des lignes tarifaires retenues.
