- Le Fonds monétaire international salue la résilience de l’économie algérienne, notamment hors hydrocarbures, et prévoit une croissance de 3,4 % en 2025.
- Mais l’institution alerte sur des déficits budgétaires « à deux chiffres » et appelle à une consolidation immédiate pour stabiliser la dette d’ici 2028.
À l’issue de sa mission annuelle de consultation en Algérie, le Fonds monétaire international (FMI) a publié son dernier rapport sur l’état de l’économie nationale. L’institution salue la solidité de l’activité hors hydrocarbures et prévoit une croissance de 3,4 % en 2025, portée par la stabilisation du secteur énergétique.
Mais derrière ces signaux encourageants, le FMI met en garde contre une aggravation des déséquilibres budgétaires. Les déficits « à deux chiffres » attendus en 2025 et 2026 pourraient fragiliser le système bancaire et accroître la dette publique, à moins de procéder à une consolidation rapide et ambitieuse des finances publiques.
Le FMI constate que l’activité non liée aux hydrocarbures a continué d’afficher de la vigueur, soutenue par la consommation intérieure et les investissements publics. Le recul des prix internationaux des denrées alimentaires a par ailleurs contribué à modérer l’inflation.
Cependant, l’équation budgétaire est de plus en plus fragile. Le FMI rappelle que les recettes tirées des hydrocarbures ont reculé alors même que les dépenses publiques ont continué d’augmenter, entraînant une aggravation du déficit et une érosion des réserves financières.
Croissance de 3,4 % en 2025, mais risques persistants
Du côté de l’énergie, les perspectives apparaissent plus stables. L’institution prévoit une croissance de 3,4 % en 2025, grâce à l’assouplissement des réductions de production décidées par l’OPEP+. Mais le contexte international reste marqué par l’incertitude et la volatilité des prix des matières premières.
Le FMI souligne que cette instabilité pourrait peser sur les investissements publics, réduire les exportations et accentuer la pression sur les finances de l’État. Les déficits du compte courant, déjà visibles en 2024, devraient se creuser encore en 2025 et 2026 avant une stabilisation attendue.
Déficits « à deux chiffres » et dette publique menacée
La situation des finances publiques inquiète particulièrement le FMI. L’institution avertit que les « déficits budgétaires à deux chiffres prévus pour 2025–2026 risquent de mettre à rude épreuve le secteur bancaire et d’évincer le crédit au secteur privé ».
Pour contenir la dynamique de la dette, le Fonds recommande d’agir vite. Selon ses projections, « la stabilisation de la trajectoire de la dette d’ici 2028 nécessitera une consolidation budgétaire immédiate et plus ambitieuse avec des mesures d’assainissement budgétaire supplémentaire de l’ordre de 5 % du PIB sur la période 2025–2028 ».
Cela suppose de rationaliser les dépenses inefficaces, d’élargir les recettes fiscales hors hydrocarbures et de renforcer la gestion des finances publiques. Les réformes engagées dans la numérisation du recouvrement des impôts et la transparence des marchés publics sont saluées, mais jugées insuffisantes sans une stratégie fiscale plus structurée.
La stabilité des prix, boussole monétaire
Sur le volet monétaire, le FMI fixe une ligne claire : « La stabilité des prix, l’objectif principal de la politique monétaire ». La Banque d’Algérie est invitée à éviter tout financement monétaire, direct ou indirect, et à renforcer la flexibilité du taux de change afin qu’il joue un rôle de stabilisateur face aux chocs externes.
La réduction de la prime du marché parallèle, notamment grâce à une augmentation des allocations de devises pour les voyageurs, figure aussi parmi les recommandations prioritaires.
Vigilance bancaire et réformes structurelles
Le FMI félicite la Banque d’Algérie pour ses progrès en matière de supervision fondée sur les risques et de gestion des crises, tout en appelant à une vigilance accrue face aux interconnexions fortes entre l’État, les banques commerciales et les entreprises publiques.
Au-delà du court terme, l’institution insiste sur la nécessité de réformes structurelles profondes : libéraliser les marchés des produits et du travail, stimuler la concurrence, améliorer l’innovation et renforcer l’intégration régionale dans un contexte de fragmentation géoéconomique.
Une équation à résoudre rapidement
En résumé, le FMI reconnaît la résilience de l’économie algérienne et sa capacité à soutenir la croissance à court terme. Mais les déséquilibres budgétaires et financiers exigent des réponses rapides et ambitieuses.
Stabiliser la dette, préserver la stabilité des prix et accélérer les réformes structurelles apparaissent désormais comme les conditions essentielles pour transformer la conjoncture favorable en trajectoire durable.
