- Accord UE–Mercosur, tarifs US : les syndicats montent au créneau.
- Une « grande journée d’action » pour remettre l’agriculture au centre du jeu.
- Versailles, Grenoble, Blois… la mobilisation agricole s’étend à travers le pays.
Tracteurs en convoi, opérations escargot et rassemblements devant les préfectures : la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) appellent à « une grande journée d’action » ce vendredi 26 septembre. Au cœur de la colère : l’accord UE–Mercosur, des importations qui ne respecteraient pas les normes françaises et les droits de douane américains. « Emmanuel Macron doit réagir, le Premier ministre doit nous recevoir urgemment », exhorte Arnaud Rousseau, président de la FNSEA.
Une mobilisation d’ampleur nationale
Les tracteurs reprennent la route partout en France. En Île-de-France, un cortège est attendu place d’Armes à Versailles. D’autres rassemblements sont annoncés devant les préfectures de Privas (Ardèche), d’Angers (Maine-et-Loire) et de Grenoble (Isère), tandis que des opérations escargot se préparent à Blois (Loir-et-Cher) et à Charleville-Mézières (Ardennes). Toulouse et plusieurs grandes villes s’ajoutent au dispositif. Objectif affiché par le syndicat agricole majoritaire : « mettre la pression sur le gouvernement qui arrive » et « réaffirmer l’ambition agricole » du pays.

Mercosur dans le viseur des syndicats
La colère vise en premier lieu le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie), approuvé début septembre par la Commission européenne. Le texte ouvrirait davantage le marché européen à la viande, au sucre, au riz, au miel ou encore au soja sud-américains, en échange de débouchés accrus pour les voitures, machines et spiritueux européens.
Pour la FNSEA et les JA, il s’agit d’un accord « toxique » : « En validant l’accord en l’état, malgré la promesse de mesures de sauvegarde, la Commission européenne tourne clairement le dos à son agriculture », dénoncent-ils dans un communiqué commun.
« Nous sommes hostiles à une forme de commerce dans lequel l’Europe n’exerce pas de réciprocité », dénoncent les syndicats
« Nous demandons de la réciprocité »
Derrière la contestation, une revendication cardinale : l’égalité des règles du jeu. « Depuis des années, nous répétons que nous ne voulons pas importer une alimentation que nous refusons pour nos propres assiettes. Je n’accable pas les agriculteurs brésiliens ou argentins, qui produisent selon les règles de leurs pays, je demande de la réciprocité », insiste Arnaud Rousseau au JDD.
Le patron de la FNSEA résume la ligne rouge syndicale : « Nous sommes hostiles à une forme de commerce dans lequel l’Europe n’exerce pas de réciprocité », jugeant l’accord « défavorable à l’agriculture ».
Tarifs américains et importations internationales pointés du doigt
Au-delà du Mercosur, les organisations dénoncent aussi les droits de douane imposés par les États-Unis de Donald Trump, qui pénaliseraient des débouchés pour certaines productions françaises, ainsi que des importations internationales jugées non conformes aux standards sanitaires, environnementaux et de bien-être animal appliqués en France.
« Protéger notre marché » et « une PAC forte »
Les jeunes agriculteurs relaient le message. « Il n’est pas acceptable que l’agriculture se retrouve oubliée de la population et de nos décideurs politiques, qu’ils soient européens ou nationaux », alerte Maxime Buizard-Blondeau, vice-président des JA. Il appelle à protéger « notre marché face aux importations déloyales » et à « soutenir notre agriculture avec une PAC forte et ambitieuse ».
« On appelle l’ensemble des agriculteurs à se mobiliser vendredi pour faire entendre notre colère et notre inquiétude », ajoute-t-il.
Qu’attendre sur le terrain ?
Des ralentissements sont anticipés autour des préfectures et sur les axes empruntés par les convois agricoles, en particulier en Île-de-France (Versailles), Isère (Grenoble), Loir-et-Cher (Blois), Ardennes (Charleville-Mézières), Ardèche (Privas), Maine-et-Loire (Angers) et Haute-Garonne (Toulouse). Les syndicats préviennent que la mobilisation pourrait se durcir si l’exécutif ne donne pas de garanties rapides sur la réciprocité des normes et la protection des filières.
