- Jeudi 2 octobre, les députés ont désigné les présidents des huit commissions permanentes du Palais-Bourbon.
- Les macronistes et Les Républicains (LR) remportent toutes les présidences avec les voix du Rassemblement national (RN), à l’exception des Finances, dévolues à l’opposition.
La majorité présidentielle et LR prennent la main sur les commissions permanentes de l’Assemblée nationale, soutenues par le RN. Seule exception : la commission des Finances, dirigée depuis 2022 par Eric Coquerel (LFI), qui est reconduit faute d’adversaire.
Les députés ont renouvelé, jeudi 2 octobre, les têtes des huit commissions permanentes. Les macronistes et LR emportent l’ensemble des présidences avec l’appui des voix du RN, qui dit appliquer l’« esprit » du règlement parlementaire : hors Finances, les présidences reviennent à des soutiens du gouvernement.
À rebours, la commission des Finances, réservée à l’opposition, reste présidée par Eric Coquerel (LFI), seul candidat.
«Je serai quelque part le premier opposant du budget face aux ministres qui prendront place tout en respectant le rôle d’animateur qui est le mien », a-t-il réagi.
Les principaux mouvements
- Affaires culturelles : Alexandre Portier (LR) succède à Fatiha Keloua-Hachi (PS).
- Affaires économiques : Stéphane Travert (Renaissance) remplace Aurélie Trouvé (LFI).
- Rapporteur général du Budget : Philippe Juvin (LR) reprend le poste à Charles de Courson (Liot).
- Rapporteur du budget de la Sécurité sociale : Thibault Bazin (LR) est reconduit.
Le RN, arbitre silencieux des équilibres
Ces votes interviennent après le renouvellement du Bureau de l’Assemblée, où le RN a fait son retour avec deux vice-présidences et deux secrétariats, grâce au soutien du « socle commun » (Ensemble pour la République, Les Démocrates, Horizons, Droite républicaine). Conséquence assumée : « le groupe de Marine Le Pen n’a présenté aucun candidat dans les commissions et a voté pour ceux du socle », considérant que le règlement veut que les présidences (hors Finances) reviennent à des soutiens du gouvernement. En échange, le RN obtient des vice-présidences dans plusieurs commissions.
La gauche dénonce un « accord », la majorité dément
La gauche a fustigé un rapprochement politique entre le socle et le RN. Sur X, Manuel Bompard (LFI) a dénoncé : « La macronie agonisante fait la courte échelle aux fascistes, pendant que le RN sacrifie le peuple pour quelques postes ».
« La déchéance est immense. On ne négocie pas avec l’extrême droite », a renchéri le député socialiste Arthur Delaporte
Même tonalité du côté écologiste : Cyrielle Châtelain, présidente du groupe Écologiste et social, a fait part de son « sentiment de dégoût », fustigeant « l’accord complet » qui aurait été conclu selon la gauche.
Dans la majorité, Ludovic Mendes (apparenté Ensemble pour la République) dément : « Il n’y a aucun accord avec le RN », assurant que la configuration découle de la stricte application du règlement. Et d’ajouter : « Normalement, la gauche n’aurait pas dû se présenter dans plein de commissions. Elle s’est présentée quand même », rappelant que seule la commission des Finances revient de droit à l’opposition.
La recomposition des commissions intervient à la veille de la séquence budgétaire. Entre auditions ministérielles, rapports et avis, les commissions des Finances et des Affaires sociales seront en première ligne pour examiner le projet de loi de finances et le PLFSS.
La reconduction d’Eric Coquerel garantit à l’opposition un levier de contrôle sur les comptes publics, tandis que l’axe macronistes-LR, avec l’appoint du RN sur certains votes, pourrait fluidifier l’adoption de rapports en commission — au risque d’exacerber les tensions en séance.
