- Deux jours après l’annonce d’un gouvernement largement reconduit, la crise s’est emballée au sommet de l’État.
- Nommé le 9 septembre, Sébastien Lecornu a remis sa démission à Emmanuel Macron, qui l’a acceptée, provoquant une onde de choc politique à la veille de sa déclaration de politique générale.
L’Élysée confirme la démission du Premier ministre, survenue au lendemain d’un remaniement jugé trop timide. À droite, Bruno Retailleau dénonce un « gouvernement qui ne reflète pas la rupture promise » ; à gauche, Jean-Luc Mélenchon raille un « cirque » ; au RN, Jordan Bardella se dit « consterné » et appelle à dissoudre l’Assemblée nationale.
Une démission acceptée par l’Élysée
Sébastien Lecornu a présenté sa démission au président de la République. L’Élysée l’a acceptée, mettant un terme à un épisode gouvernemental marqué par des critiques nourries dès la composition de l’équipe dévoilée dimanche 5 octobre en début de soirée. Une majorité de ministres ont été reconduits à leurs postes, comme sous le gouvernement de François Bayrou, à l’exception de mouvements notables : Bruno Le Maire prend la tête du ministère des Armées, tandis que Roland Lescure rejoint Bercy comme ministre de l’Économie et des Finances.
Une équipe de « continuité » qui attise la contestation
Le pari de la stabilité a crispé l’opposition. À droite, Bruno Retailleau, reconduit à l’Intérieur après plusieurs jours de flottement sur la participation des Républicains, a fustigé sur X un « gouvernement qui ne reflète pas la rupture promise ». Selon BFM TV, Son entourage pointe un recentrage autour de Renaissance : « Ça n’est pas seulement la question de la place des Républicains dans le gouvernement qui pose problème, mais les équilibres entre les forces du socle commun. Le resserrement autour de Renaissance ne nous semble pas tout à fait correspondre à l’air du temps ».
Face à la controverse, Bruno Retailleau a annoncé la convocation, lundi matin, du comité stratégique des Républicains.
« Quel cirque ! À peine nommé, Bruno Retailleau menace de quitter le gouvernement ! Les voilà les donneurs de leçons de stabilité et responsabilité blablabla », a dénoncé de son côté Jean-Luc Mélenchon sur X
À l’extrême droite, Jordan Bardella s’est dit « consterné » par un exécutif qu’il qualifie de « continuité dans la débâcle ». Le président du RN a indiqué que l’option d’une motion de censure serait tranchée « dans les quelques minutes ». Après l’annonce de la de démission du Premier ministre, Jordan Bardella appelle Emmanuel Macron à dissoudre l’Assemblée nationale. Et de commenter la brièveté de l’épisode : « Sans doute le Premier ministre éphémère n’avait-il pas de marge de manœuvre ».
La démission ouvre une période d’incertitude institutionnelle. Deux scénarios dominent : la nomination rapide d’un nouveau ou d’une nouvelle cheffe du gouvernement pour tenter de reprendre la main, ou une phase de consultations élargies afin de recomposer des équilibres parlementaires introuvables depuis des mois. Dans tous les cas, l’exécutif affronte une opposition regonflée par l’épisode : LR s’organise, LFI étrille la stratégie présidentielle et le RN pousse à la dissolution.
