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Retraites : Élisabeth Borne relance l’option d’une suspension partielle, le Medef met en garde

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  • Dans un paysage politique sous tension, la réforme des retraites revient au cœur du débat.
  • Entre appels au compromis et avertissements économiques, la perspective d’une suspension jusqu’en 2027 fracture les acteurs.

   La ministre démissionnaire de l’Éducation nationale Élisabeth Borne propose de suspendre une partie de la réforme des retraites, sans l’abroger, et d’en reporter les décisions à l’élection présidentielle de 2027. La CFDT y voit un « point clé » pour sortir de crise, tandis que le Medef et Sébastien Lecornu alertent sur les risques économiques et budgétaires.

« Suspension, pas abrogation » : Borne appelle au compromis jusqu’en 2027

Élisabeth Borne assume une inflexion : geler certains volets de la réforme pour desserrer l’étau politique, tout en conservant l’architecture d’ensemble. « Chacun doit mettre toute son énergie pour trouver un point de passage et si c’est la seule voie pour sortir de la crise actuelle (…) alors je pense que ça vaut la peine de poser cette question », déclare-t-elle sur BFM TV, rappelant qu’elle avait recouru à l’article 49.3 en mars 2023 pour faire adopter le texte.

La ministre démissionnaire insiste : « Quand on parle de suspension, on ne remet pas tout en cause », martelant qu’il s’agit d’une suspension, pas d’une abrogation. Elle appelle à « trouver un compromis, de la droite républicaine aux élus socialistes » et se dit favorable à un gel de l’âge de départ à la retraite d’ici 2027.

Objectif affiché : désamorcer la crise actuelle et renvoyer le débat à la présidentielle.

« Toute réforme des retraites est un sujet épidermique. (…) Ce sera un débat de l’élection présidentielle », ajoute -t-elle.

De son côté Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, elle estime que « l’un des points clés (de la sortie de crise) c’est la question de la suspension de la réforme des retraites ». Un appui qui conforte la stratégie d’un calendrier apaisé, sans détricotage immédiat.

Le patronat ferme la porte : « Nous sommes très réticents »

Le patronat, de son côté, ne cache pas son inquiétude face à l’idée d’un recul sur la réforme des retraites. Patrick Martin, président du Medef, met en garde contre les conséquences d’une telle décision, qu’il juge risquée pour l’économie française. Sur France Inter, il appelle à la prudence et à la cohérence : selon lui, suspendre la réforme reviendrait à fragiliser la croissance et les finances publiques.

« Nous sommes très réticents à ce que cette réforme soit suspendue », tranche-t-il d’emblée, avant de préciser qu’une telle mesure pourrait coûter cher au pays.

« Si l’on achète de la stabilité au prix d’un alourdissement considérable de l’endettement du pays et d’une remise en cause de la croissance et du pouvoir d’achat, je dis non », affirme-t-il.

Patrick Martin rappelle que le Medef n’a pas réclamé cette réforme, mais qu’il la considère comme « juste » et nécessaire pour l’équilibre du système. Pour lui, tout retour en arrière risquerait de peser sur l’activité, d’aggraver les conditions d’emprunt et, in fine, de réduire le pouvoir d’achat des Français.

« Il ne faut pas se raconter d’histoires », ajoute-t-il, soulignant que « si la réforme est suspendue, les Français le paieront, d’abord par une baisse de leur pouvoir d’achat ».

L’exécutif chiffre l’impact : « pas moins de trois milliards » en 2027

Invité de France 2, le Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu a tenu à rappeler les enjeux financiers d’une éventuelle suspension de la réforme des retraites. Selon lui, une telle décision pèserait lourdement sur les comptes publics, avec « pas moins de trois milliards d’euros » de coût d’ici 2027.

Souhaitant éviter à la fois le blocage et le déni, Lecornu plaide pour un débat apaisé et démocratique autour du sujet. « Il faudrait trouver un chemin pour que le débat ait lieu sur la réforme des retraites », explique-t-il, estimant que cette question « s’invitera nécessairement à l’élection présidentielle ».

S’il refuse tout « déni démographique », le chef du gouvernement démissionnaire reconnaît toutefois la fatigue démocratique d’une partie du pays.

 « On ne peut pas être dans un déni démographique. (…) Mais il faut quand même être sourd pour ne pas entendre qu’il y a des Françaises et des Français qui disent : il y a une blessure démocratique. » Une manière de souligner que, pour sortir de la crise, le dialogue et la transparence devront primer sur la confrontation.

 

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