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Macron face aux partis : un « socle » fragile et des menaces de censure contre le futur gouvernement

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  • Vendredi 10 octobre, Emmanuel Macron doit annoncer le nom de son nouveau Premier ministre.
  • À l’Élysée, une valse de rendez-vous a laissé les oppositions sur leur faim, entre espoirs déçus et avertissements appuyés.

   Reçus entre 14h30 et 17 heures, les chefs de partis — à l’exception de LFI et du RN — ont défilé au palais présidentiel. À la sortie, un même constat : « aucune réponse » sur l’essentiel, une réforme des retraites à peine effleurée, et la menace de censure qui plane sur le futur gouvernement.

À l’Élysée, les rencontres s’enchaînent selon un timing parfaitement maîtrisé. L’objectif affiché est simple : sonder, écouter, réunir autour d’un « socle » pour préparer Matignon. Mais à mesure que les portes se referment, les mots se ressemblent. On devine un président décidé à tenir le cap, une majorité qui cherche ses appuis, une opposition qui compte ses cartes.

Écologistes : « Nous sortons sidérées »

La première à se présenter devant les micros, c’est Marine Tondelier. « Nous sortons de cette réunion sidérées… Aucune réponse, sur rien, si ce n’est que le prochain Premier ministre ne sera pas dans notre camp politique », affirme -t-elle lors d’un point de presse

Elle évoque une rencontre où les échanges sont restés superficiels. Concernant la réforme des retraites, seule une possibilité de report a été mentionnée : « Peut-être on pourra décaler dans le temps la mesure sur l’âge, et non le nombre de trimestres. » Marine Tondelier exprime ensuite son inquiétude : « Je suis inquiète, tout ça va très mal se terminer. »

Dans la même ligne, Cyrielle Chatelain estime que la réunion a surtout servi à « réaffirmer, peut-être même contraindre, les responsables du socle commun à rester ensemble, malgré toute la faiblesse de ce socle ». Un mot résume, selon elle, l’atmosphère du moment : fragilité.

Le PS entre promesses verbales et lignes rouges

Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, fait le bilan d’un échange qu’il juge inabouti. Selon lui, le chef de l’État « n’est pas prêt à accéder à notre demande d’un Premier ministre de gauche ». Une seule évolution semble se dessiner : « Nous avons demandé qu’il n’y ait plus de 49.3, ça paraît acquis. »

Mais pour le reste, le constat demeure sans appel : « Aucune réponse claire du chef de l’État, aucune. »

De son côté, Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée, parle de « circonspection, de déception et d’inquiétude » à la sortie de la réunion. Le PS met en garde : « Comme nous n’avons obtenu aucune garantie, il n’y a aucune garantie de non-censure de notre part », prévient Olivier Faure, avant de préciser : « Nous ne voulons pas le chaos, nous ne cherchons pas à tout prix la dissolution, mais nous n’en avons pas peur non plus. »

Le PCF plaide pour un véritable « changement »

Pour le Parti communiste français, Fabien Roussel insiste sur la nécessité d’un tournant politique clair. « Pour sortir de la crise, il faut accepter que la politique d’Emmanuel Macron soit remise en cause et qu’il y ait du changement », affirme-t-il, souhaitant aussi un renouvellement « au niveau des ministres ».

Le dirigeant communiste rapporte que le président a défendu l’existence d’un « socle commun de 210 députés » prêts à gouverner ensemble, préférant « nommer un nouveau Premier ministre plutôt que dissoudre ». Mais l’avertissement est sans ambiguïté : « Si ce soir le nouveau Premier ministre reste dans le camp d’Emmanuel Macron pour mener la même politique, nous ne pourrons pas l’accepter. Les Français ne le comprendront pas non plus. »

Une équation parlementaire toujours fragile

Au terme de ces consultations, le constat reste le même : aucun accord politique formel n’a émergé. Emmanuel Macron cherche à rassembler autour d’un « socle » majoritaire, mais les positions demeurent éloignées. Les partis de gauche et écologistes conditionnent tout soutien à un changement de cap sur plusieurs réformes emblématiques, en particulier celle des retraites.

Dans ce contexte, la nomination du futur Premier ministre s’annonce comme un exercice d’équilibriste. Le chef de l’État doit composer une équipe capable d’obtenir une majorité de projet à l’Assemblée nationale, tout en évitant une nouvelle épreuve de force. Chaque mot, chaque nomination comptera, car la menace d’une motion de censure reste bien présente.

La voie de la dissolution semble s’éloigner pour l’instant, au profit d’une tentative de stabilisation politique. Mais le pari reste risqué : sans inflexion visible ni ouverture vers d’autres sensibilités, le futur gouvernement pourrait se retrouver fragilisé dès ses premiers jours à Matignon.

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