- Deux lignes se font face à droite : stabilité institutionnelle d’un côté, fidélité au cap idéologique de l’autre.
- Le bureau politique de LR a tranché “à une large majorité” : pas de participation au gouvernement, mais des votes au cas par cas.
Les Républicains n’entreront pas au gouvernement d’Hervé Lecornu. Dans un communiqué, le parti “réaffirme la nécessité de doter la France d’un budget” et promet d’être “responsable” pour ne pas être “les artisans du chaos”, tout en posant des lignes rouges, au premier rang desquelles la réforme des retraites. LR opte pour un soutien “texte par texte”, récusant toute participation “à ce stade” faute de “confiance” et de conditions réunies.
Réuni ce samedi matin, le bureau politique de LR a formalisé une position de cohérence et de prudence. Le texte entérine un vote au cas par cas afin d’“éviter le blocage” sur le budget, tout en refusant l’entrée au gouvernement.
“Nous serons toujours du côté de la responsabilité”, souligne la direction, qui insiste : “Les Républicains seront responsables et ne seront pas les artisans du chaos.” En clair, l’objectif est de garantir un budget sans se lier à une ligne gouvernementale jugée incompatible avec les engagements du parti.
“Soutenir ne veut pas dire participer” : la ligne de Pécresse
Sur le réseau X, Valérie Pécresse fixe clairement la ligne rouge. “Soutenir ne veut pas dire participer sans conditions”, prévient la présidente de la région Île-de-France, soucieuse de marquer la différence entre appui ponctuel et ralliement.
Dans son message, elle met en garde contre toute remise en cause de la réforme des retraites, qu’elle érige en symbole du courage politique de la droite : “Suspendre la réforme des retraites, la seule réforme courageuse de ce mandat, serait d’une immense gravité pour la France.”
Pour une partie de la famille LR, cette réforme reste un totem politique, celui d’une droite réformatrice et responsable. Y toucher reviendrait, selon Pécresse, à “se renier”. Son avertissement sonne ainsi comme un rappel à l’ordre pour ceux qui, au sein du parti, envisagent une participation au gouvernement : pas de compromis sur les fondamentaux.
Nasrou : Stabilité sans reniement
La direction de LR tente de maintenir un équilibre aussi fragile que stratégique. Othman Nasrou, son secrétaire général, résume la ligne adoptée au terme d’un long débat :
“Oui, nous voulons que le gouvernement tienne, mais le bureau politique a considéré que les conditions et la confiance n’étaient pas réunies pour une participation de LR au gouvernement.”
Le ton se veut à la fois ferme et mesuré. “Nous ne serons pas du côté des artisans du chaos”, martèle Nasrou, tout en refusant de cautionner une politique qui “viendrait céder à la gauche toutes ses idées délirantes, susceptibles de conduire le pays dans une situation financière encore plus préoccupante.”
Pour lui, il s’agit d’un exercice de responsabilité, pas d’obstruction. “Nous ne voulons pas faire tomber le gouvernement, ni le censurer”, assure-t-il, conscient du “souci de stabilité” de nombreux députés de son camp. Mais il trace aussitôt la limite : “Si l’on nous demande aujourd’hui d’appliquer le programme de la gauche, naturellement, nous ne pouvons pas y souscrire.”
Et de conclure, dans une formule qui résume la position du parti : “Nous sommes pour éviter que la gauche arrive au pouvoir, mais cela ne peut pas se faire en nous demandant d’appliquer son programme.”
Tensions internes et question d’alignement
La décision entérine la ligne défendue par de nombreux cadres, à rebours des partisans d’une participation, et expose des fissures.Du côté de l’entourage du chef de file des députés LR Laurent Wauquiez, on dit “craindre maintenant une fracture difficile à résorber entre Bruno Retailleau et les députés.”
