- Après sa démission éclair, Sébastien Lecornu est de retour à Matignon.
- À 48 heures du délai qu’il s’était fixé, Emmanuel Macron lui redonne les clés du gouvernement.
L’Élysée a annoncé, vendredi 10 octobre, la reconduction de Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre, moins d’une semaine après son départ surprise et deux jours après la fin de sa mission spéciale destinée à sortir le pays de l’impasse. « J’accepte – par devoir – la mission » a-t-il déclaré, promettant un budget dès lundi et l’ouverture au débat parlementaire de « tous les dossiers », dont la sensible réforme des retraites.
Un retour express au nom de la stabilité
La décision est tombée à l’issue d’ultimes tractations à l’Élysée. Le chef de l’État avait fixé à 48 heures, mercredi soir, le délai pour nommer un nouveau Premier ministre : l’horloge a sonné, Sébastien Lecornu est reconduit. L’intéressé assume une mission « de devoir » : redonner un cap, apaiser la scène politique et répondre « aux problèmes de la vie quotidienne » des Français.
Sur le réseau social X, le Premier ministre a souligné l’urgence budgétaire : un projet de loi de finances déposé dès lundi, avant une fenêtre de 70 jours d’examen au Parlement, comme le prévoit la Constitution. Objectif affiché : mettre un terme à une crise politique qui « exaspère » le pays et nuit à son image.
« Tous les dossiers » sur la table, retraites incluses
Sébastien Lecornu promet un exercice d’ouverture : tous les sujets évoqués pendant les consultations seront « ouverts au débat parlementaire ». Parmi eux, la réforme des retraites, dossier inflammable s’il en est, mais aussi les priorités économiques et sociales qui structurent l’agenda gouvernemental.
Selon l’entourage présidentiel, le Premier ministre disposerait d’une « carte blanche » pour conduire les négociations avec les partis et proposer des nominations clés. Une latitude qui vise à consolider une majorité d’idées, texte par texte.
Un exécutif promis au « renouvellement » et à la diversité
Le futur gouvernement, prévient Matignon, « devra incarner le renouvellement et la diversité des compétences ». Les prochains ministres sont appelés à se déconnecter des ambitions de 2027, condition posée pour entrer au gouvernement. Conséquence politique immédiate : l’exécutif se ferme à Bruno Retailleau, patron des Républicains et ministre de l’Intérieur démissionnaire, dont les velléités présidentielles sont jugées incompatibles avec la ligne fixée.
Ce positionnement intervient après un épisode chaotique : la démission de Lecornu lundi, quatorze heures seulement après avoir formé une équipe gouvernementale qui avait ulcéré une droite pourtant partenaire de coalition.
Réactions et lignes de fracture
Sébastien Lecornu reconduit au poste de Premier ministre : les réactions de la classe politique. Dans les états-majors, les camps affûtent leurs arguments. La majorité voit dans cette reconduction un pari sur l’efficacité et la responsabilité budgétaire. L’opposition, elle, agite déjà la menace de motions de censure à l’approche du budget, assurant que le gouvernement reste fragile au Palais-Bourbon.
Un calendrier serré, un test budgétaire décisif
Le compte à rebours est lancé. Dépôt du budget lundi, discussions tout l’automne, et 70 jours pour parvenir à un compromis. Le Premier ministre joue une partie serrée : éviter une nouvelle dissolution, sécuriser un vote de finances, et réancrer l’action publique dans la vie quotidienne : pouvoir d’achat, services publics et sécurité.
