- Le gouvernement présente un projet de budget mêlant économies et nouvelles recettes, sur fond d’instabilité politique et de trajectoire de déficit assouplie.
- Le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) prévient : les hypothèses de croissance sont « optimistes » et la consolidation pourrait peser sur l’activité.
Le texte, déposé mardi 14 octobre en Conseil des ministres, prévoit environ 31 milliards d’euros d’effort en 2026. Il combine 17 milliards d’économies de dépenses et près de 14 milliards de recettes supplémentaires, tout en misant sur une croissance de 1,0 % que le HCFP juge « optimiste ».
À titre de comparaison, les orientations budgétaires présentées en juillet par François Bayrou évoquaient 43,8 milliardsd’économies. Côté trajectoire, Sébastien Lecornu ajuste l’objectif : un déficit sous 5 % du PIB en 2026, contre 4,7 % envisagés initialement, après 5,4 % en 2025.
Le HCFP, présidé par Pierre Moscovici, a rendu lundi 13 octobre un avis réservé sur le budget 2026 préparé par Sébastien Lecornu. Au cœur des critiques : des hypothèses macroéconomiques jugées « optimistes », un gel des prestations sociales et des retraites en 2026, et une panoplie de mesures fiscales — de la surtaxe allégée sur les grandes entreprises à une taxe sur les holdings patrimoniales — destinées à atteindre un effort global d’environ 31 Milliards d’euros.
L’institution rattachée à la Cour des comptes estime que la cible de 1,0 % de croissance en 2026 repose sur des hypothèses « optimistes ». Selon le HCFP, les économies prévues risquent de freiner l’activité, accentuant l’écart potentiel entre trajectoire affichée et conjoncture réelle.
Recettes : surtaxe partielle, hauts revenus et taxe sur les holdings
Le gouvernement prolonge d’un an, tout en la réduisant de moitié, la contribution exceptionnelle sur les bénéfices des grandes entreprises instaurée en 2025. Ciblant environ 400 groupes réalisant au moins 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires en France, elle rapporterait 4 milliards, soit moitié moins qu’en 2025.
La contribution différentielle sur les plus hauts revenus (CDHR) est également prolongée d’un an, afin de garantir un taux minimal d’imposition de 20 % pour les revenus supérieurs à 250 000 euros pour un célibataire et plus de 500 000 euros pour un couple.
Le texte instaure une taxe sur les holdings patrimoniales, « inspirée de taxes voisines en place dans plusieurs autres pays, comme les États-Unis et l’Irlande », qui « vise à faire échec aux stratégies de contournement de l’impôt par la thésaurisation de revenus non distribués ».
Enfin, le gel du barème de l’impôt sur le revenu est chiffré à 1,9 milliard d’euros de recettes en 2026 : sans indexation à l’inflation, l’impôt de certains ménages augmenterait mécaniquement et de nouveaux foyers deviendraient imposables.
Dépenses : « année blanche » et sous-indexation
Selon le HCFP, l’instauration d’une année blanche en 2026 — gel total des revalorisations de prestations sociales et retraites (hors minima sociaux) — générerait 3,6 milliards d’économies, dont 2,9 milliards sur les retraites.
Le projet de budget de la Sécurité sociale prévoit en outre un gel des pensions et prestations en 2026, puis, à partir de 2027, une sous-indexation de 0,4 point. Sur la fiscalité des retraités, l’abattement de 10 % serait remplacé par un abattement forfaitaire de 2 000 €, afin « d’améliorer la situation des couples de retraités les plus modestes » tout en mettant davantage à contribution les autres.
Au total, le déficit de la Sécu reculerait à 17,5 milliards d’euros en 2026, après 23 milliards en 2025. L’Assurance maladie verrait ses dépenses progresser de 1,6 % pour atteindre 270,4 milliards d’économies attendues.
Le compte à rebours est enclenché dans un climat politique agité. Soixante-dix jours sont prévus pour l’examen du PLF et cinquante jours pour le PLFSS. La présentation du plan contre la fraude sociale et fiscale est annoncée mardi. Le gouvernement s’attend à des modifications substantielles du texte au Parlement.
Marine Le Pen fustige un budget « terriblement mauvais », préparé par le gouvernement Lecornu II qui ne serait « que le budget de monsieur Bayrou ». Elle dénonce « une nouvelle création de petites taxes qui pèsent sur les Français » et estime que « le Premier ministre n’a abso aucun pouvoir ».
Côté La France insoumise, Mathilde Panot martèle : « Emmanuel Macron doit partir » et annonce que LFI va « redéposer une motion de destitution ». Selon elle, « la seule solution qu’il reste pour le pays, c’est soit la démission soit la destitution du président de la République ».
