- Serge Papin, ministre des PME, du Commerce, de l’Artisanat, du Tourisme et du Pouvoir d’achat, a dévoilé une mesure destinée à redonner du souffle aux revenus des salariés.
- Son idée : rendre l’intéressement « immédiatement utilisable » pour la consommation, sans imposition supplémentaire.
En prônant un intéressement versé sans délai, Serge Papin veut transformer cet outil de rémunération variable en un coup de pouce concret au pouvoir d’achat. Une mesure qui vise les classes moyennes, ces ménages « qui en ont besoin » et dont le budget est sous tension.
Un intéressement « tout de suite et maintenant »
Sur RTL, le ministre a détaillé sa vision d’un intéressement simplifié, directement accessible et favorable à la consommation : « Concrètement, ce que je voudrais, c’est qu’il y ait quelque chose de simple qui permette d’avoir tout de suite et maintenant un complément, et que ce soit disponible pour la consommation. Rendre l’intéressement utilisable immédiatement, je pense pour les classes moyennes qui en ont besoin, qui ont beaucoup été sollicitées », a-t-il expliqué, se décrivant plus tôt dans l’entretien comme « ministre du quotidien ».
En clair, Serge Papin souhaite transformer une prime souvent différée ou épargnée en revenu immédiat, injecté dans l’économie réelle. Une façon, selon lui, de redonner du pouvoir d’achat sans complexifier la vie des entreprises.
Un « bouclier contre la vie chère »
Derrière cette volonté de « liquidité » immédiate, se dessine une promesse politique : faire de l’intéressement, longtemps cantonné à un rôle de levier de motivation interne, un véritable bouclier contre la vie chère.
Concernant la question de la fiscalité, Serge Papin ne cherche pas à l’éluder. Le ministre assume sa position : l’intéressement ne doit pas être imposable. Une ligne rouge qu’il trace clairement, tout en reconnaissant que la décision finale ne lui appartient pas entièrement.
Qu’en est -il de l’imposition de l’intéressement ? Serge Papin confie qu’il le souhaite pas, ajoutant que cela necessite une concertation avec ses collègues de Bercy.
« Quand on est au service de la démocratie, ce n’est pas comme un comité exécutif d’entreprise », explique t-il.
L’ancien patron de Système U laisse transparaître à la fois son expérience du terrain et la complexité du pouvoir politique : entre volonté d’agir vite et nécessité de composer avec les contraintes budgétaires, la bataille de la non-imposabilité s’annonce comme un équilibre délicat à trouver entre efficacité économique et discipline fiscale.
L’objectif est de préserver le gain net des salariés, sans qu’il soit grignoté par la fiscalité. Mais pour atteindre ce cap, il faudra trouver un équilibre budgétaire acceptable entre soutien au pouvoir d’achat et responsabilité des finances publiques.
Une mesure à mettre en œuvre rapidement
Conscient de l’urgence sociale, Serge Papin plaide pour une mise en œuvre rapide. Le ministre souhaite que la mesure soit « là, tout de suite, pour être opérationnelle, le plus vite possible ».
Selon les dernières données publiées par la Dares, l’intéressement et la participation représentent aujourd’hui un levier financier majeur dans l’économie française. En 2023, 5,8 millions de salariés du secteur privé non agricole ont perçu une prime de participation, contre 2,9 millions en 1983 — soit un quasi-doublement en quarante ans.
Le montant total versé s’élève à 11,5 milliards d’euros brut, ce qui correspond à une moyenne d’environ 2 000 euros par salarié. Ces sommes ne profitent cependant pas toutes immédiatement aux ménages : 60 % des primes sont placées dans des dispositifs d’épargne salariale — plan d’épargne d’entreprise (PEE) ou plan d’épargne retraite collectif (PER) — tandis que 40 % sont directement perçues.
