- Deux à quatre individus ont pénétré au musée du Louvre à l’ouverture, ce dimanche 19 octobre, et ont dérobé des bijoux d’exception en quelques minutes.
- L’opération, d’un professionnalisme rare, relance la question de la sécurisation des grands musées français.
En “sept minutes”, selon le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez, une équipe “très chevronnée” a visé la galerie d’Apollon grâce à une nacelle installée sur un camion, fracturant une fenêtre et ciblant deux vitrines avant de fuir en scooter. Le butin, qualifié de “valeur inestimable”, est en cours d’évaluation. Une enquête pour vol en bande organisée et association de malfaiteurs a été ouverte et confiée à la Brigade de répression du banditisme (BRB), avec l’appui de l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC).
Un braquage millimétré à l’ouverture
“Il y a eu un braquage important qui a été commis dans la salle Apollon”, a déclaré le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez sur France Inter, Franceinfo et Le Monde, détaillant un déroulé “en 7 minutes”.
“Les individus ont pénétré par l’extérieur du musée du Louvre en utilisant une nacelle positionnée sur un camion. Ils ont fracturé la fenêtre et se sont dirigés vers un certain nombre de vitrines où ils ont dérobé des bijoux dont je ne donnerais pas la liste”, a-t-il indiqué.
Le ministre évoque “trois ou quatre auteurs”, précisant qu’il s’agit “manifestement d’une équipe qui avait fait des repérages, manifestement aussi très chevronnée et qui a agi très très vite”. Des barreaux ont été “sciés à la disqueuse” avant une fuite en scooter.

Des pièces “d’une vraie valeur patrimoniale”
Sans dévoiler l’inventaire précis, Laurent Nuñez souligne que les bijoux emportés ont “une vraie valeur patrimoniale, inestimable en réalité”. La galerie d’Apollon, située au premier niveau de l’aile Denon, “abrite la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne”, rappelle le Louvre. Ces œuvres, “taillées dans des minéraux précieux (agate, améthyste, lapis-lazuli, jade, sardoine ou cristal de roche)” et mises en valeur par des montures spectaculaires, “sont des objets de grand luxe, appréciés depuis l’Antiquité”.
Le musée évoque notamment trois diamants historiques — le Régent, le Sancy et l’Hortensia — qui ont orné “les habits ou les couronnes des souverains”. Prudence toutefois : à ce stade, rien n’indique que ces pièces emblématiques figurent parmi les objets dérobés.
“Sans violence ni panique” : la parole de la ministre
Interrogée par TF1, la ministre souligne : “Ils ont agi en professionnel, sans aucune violence et sans aucune panique.” Elle ajoute : “Les visiteurs ont été évacués immédiatement” et évoque “un butin assez inestimable”.
Dans le 13H, Rachida Dati insiste sur la fulgurance : “Cette opération a duré presque 4 minutes, ça a été très rapide.” Elle alerte sur une menace structurelle :
“Ce sont des professionnels, les musées sont devenus des cibles. La France est un pays patrimonial (…) avec des objets d’une grande valeur.” Et d’insister : “Pendant 40 ans, on ne s’est pas intéressé à la sécurisation de ces grands musées… Il faut adapter ces musées aux nouvelles formes de criminalité. C’est devenu une criminalité organisée.”
Dans la fuite, “effectivement un bijou a été retrouvé”, précise-t-elle, en cours d’expertise.
Une enquête confiée à la BRB, appuyée par l’OCBC
Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour vol en bande organisée et association de malfaiteurs. Le dossier est confié à la Brigade de répression du banditisme (BRB) de la police judiciaire parisienne, avec le soutien de l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC). L’Élysée indique que “le Président est depuis ce matin en lien très étroit avec Laurent Nuñez et Rachida Dati qui le tiennent informé de la situation en temps réel”.
Pourquoi la galerie d’Apollon ?
La prestigieuse galerie n’a pas été ciblée par hasard. Le Louvre y conserve des gemmes et diamants à la dimension historique unique. “Louis XIV avait une véritable passion pour les gemmes : sa collection comptait environ 800 pièces.” Parmi elles, le Régent, diamant de 140 carats découvert en 1698, “porté par tous les souverains français” et ayant orné “la couronne de Louis XV, l’épée de Napoléon Ier et un diadème de l’impératrice Eugénie”.
Si l’ampleur exacte du préjudice reste à évaluer, les autorités confirment que les malfaiteurs ont ciblé deux vitrines avant de prendre la fuite. Les expertises et constatations se poursuivent.
