- Quatre individus ont dérobé huit bijoux d’une valeur patrimoniale inestimable dans la Galerie d’Apollon du musée du Louvre, en plein cœur de Paris.
- Leur fuite, planifiée avec minutie, a laissé derrière elle un parfum d’humiliation nationale et relance le débat sur la sécurité des musées français.
En plein jour, un commando a pénétré dans la Galerie d’Apollon du Louvre à l’aide d’un camion élévateur. En quelques minutes, huit bijoux royaux et impériaux ont disparu. Deux pièces, dont la couronne de l’impératrice Eugénie, ont été retrouvées sur place. Le préjudice est immense, l’émotion nationale.
D’après le parquet de Paris, le groupe était composé de quatre individus. « À ce stade, il semble que quatre individus soient impliqués », indique le parquet, précisant que « deux malfaiteurs, porteurs de disqueuses et visages dissimulés, ont réussi à s’introduire dans la salle dite Galerie d’Apollon au sein du musée du Louvre, par une fenêtre du 1er étage, en utilisant un élévateur monté sur un camion qu’ils avaient amené juste avant la commission des faits. »
Une fois à l’intérieur, les intrus ont menacé les gardiens, contraints d’évacuer les lieux. « Ces individus ont ensuite ciblé deux vitrines de la galerie », ajoute le parquet. Quelques minutes plus tard, ils repartaient déjà, laissant derrière eux un musée choqué et une scène de crime millimétrée.
Les alarmes déclenchées, une fuite précipitée
Dans un communiqué, le ministère de la Culture a assuré que les systèmes de sécurité avaient bien fonctionné. « Les alarmes respectivement situées sur la fenêtre extérieure de la Galerie d’Apollon ainsi que sur les deux vitrines concernées se sont déclenchées », indique le texte.
Les agents présents ont immédiatement appliqué le protocole d’urgence : « Les cinq agents du musée, présents en salle et dans les espaces adjacents, sont intervenus afin d’appliquer le protocole de sécurité : prise de contact avec les forces de l’ordre et protection prioritaire des personnes. »
Leur sang-froid a permis d’éviter un drame. « Grâce au professionnalisme et à la rapidité d’interventions des agents du Louvre, les malfaiteurs ont été mis en fuite, laissant derrière eux leurs équipements ainsi qu’un des objets dérobés, à savoir la couronne de l’impératrice Eugénie, dont l’état est en cours d’examen », souligne le ministère.
La même source indique qu’une tentative d’incendie du camion élévateur a également été empêchée « grâce à l’intervention d’un agent du musée ».
Des trésors historiques dérobés
Le ministère de la Culture a dressé la liste des objets volés : un diadème et un collier de la parure de saphirs de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense ; une boucle d’oreille assortie ; un collier en émeraudes et une paire de boucles d’oreilles de la parure de Marie-Louise ; une broche reliquaire ; un diadème et un grand nœud de corsage de l’impératrice Eugénie.
Selon la direction du Louvre, deux pièces, dont la couronne de l’impératrice Eugénie, ont été retrouvées, « manifestement perdues ou abandonnées pendant la fuite ».
Sur X, Emmanuel Macron a réagi dès le lendemain du vol, qualifiant l’acte d’« atteinte à notre patrimoine ». « Le vol commis au Louvre est une atteinte à un patrimoine que nous chérissons car il est notre Histoire », a déclaré le chef de l’État.
« Nous retrouverons les œuvres et les auteurs seront traduits en justice. Tout est mis en œuvre, partout, pour y arriver, sous la conduite du parquet de Paris. »
De son côté, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a reconnu des manquements dans la sécurité publique : « Nous avons failli », a-t-il concédé sur France Inter. Il a dénoncé un vol « rocambolesque » qui « donne une image déplorable de la France».
Et d’ajouter, amer : « On est capable de mettre un monte-charge en pleine rue de Paris, faire monter des gens en quelques minutes pour récupérer des bijoux inestimables… Les Français ont l’impression d’avoir été cambriolés. »
« Ces personnes seront arrêtées, ça ne fait aucun doute, la question c’est quand », affirme-t-il
Les syndicats alertent sur la sécurité des musées
Le lendemain, sur France Culture, Yvan Navarro, cosecrétaire général de la CGT Culture, a dénoncé l’état alarmant de la sécurité dans les établissements patrimoniaux.
« Les collections ne sont pas en sécurité, les visiteurs ne sont pas en sécurité, et les agents ne le sont pas non plus », a-t-il déclaré.
Le syndicaliste pointe la baisse des effectifs comme cause principale de cette vulnérabilité : « On recrute de moins en moins de fonctionnaires formés à la sécurité des personnes et à la sûreté des biens. Le corps des agents d’accueil, de surveillance et de magasinage du ministère de la Culture a été diminué de près de 25 % en moins de dix ans. »
Selon lui, la réduction des moyens financiers fragilise davantage les musées. « On manque d’agents de partout », regrette-t-il, rappelant que « le budget du patrimoine, qui représentait 1,2 milliard en 2025, va être amputé de près de 200 millions en 2026 ».
Enquête en cours : les auteurs toujours en fuite
Le préjudice exact reste à évaluer. Aucune piste n’est pour l’heure privilégiée, mais les enquêteurs du parquet de Paris s’emploient à identifier les fuyards grâce aux images de vidéosurveillance et au matériel abandonné sur place.
L’enquête, ouverte pour vol en bande organisée et association de malfaiteurs, mobilise les services spécialisés de la préfecture de police et de l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC).
