- Trois jours après le cambriolage de la galerie d’Apollon et le vol de joyaux royaux et impériaux estimés à 88 millions d’euros, le Sénat auditionne Laurence des Cars.
- La présidente-directrice du Louvre détaille les failles pointées et les mesures engagées pour la sûreté.
Devant la commission de la Culture ce 22 octobre, la patronne du musée le plus visité au monde défend la stratégie de sûreté, admet des « difficultés structurelles » et fustige les « fuites » autour d’un pré-rapport de la Cour des comptes. « C’est une blessure immense qui nous a été infligée », dit-elle, tout en plaidant pour l’installation « d’un commissariat de police » à l’intérieur du palais.
Silencieuse depuis dimanche, Laurence des Cars s’est présentée au Palais du Luxembourg pour détailler les circonstances du vol et répondre aux interrogations des élus sur la galerie d’Apollon, qui abrite la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne — environ 800 pièces. « Protéger le patrimoine culturel commun tout en le partageant avec le plus grand nombre », rappelle-t-elle en préambule, en soulignant la mission des équipes.
Un cambriolage au mode opératoire audacieux
Selon les premiers éléments évoqués, des cambrioleurs se sont introduits peu après l’ouverture via un monte-charge garé dans la rue avant de dérober des joyaux d’une valeur de 88 millions d’euros et d’une valeur patrimoniale inestimable. L’affaire a fait le tour du monde et refait surgir la question des moyens de protection au sein du monument.
« Malgré nos efforts, nous avons été mis en échec », reconnaît la présidente.
Sécurité contestée, responsabilités partagées
Alors que la ministre de la Culture Rachida Dati a assuré à l’Assemblée que « les dispositifs de sécurité du musée » n’ont « pas été défaillants », les sénateurs ont interrogé la direction sur la robustesse réelle des procédures. Un pré-rapport de la Cour des comptes pointe « le retard persistant » dans le déploiement d’équipements, tandis que plusieurs organisations syndicales déplorent la baisse des effectifs dédiés à la sûreté ces dernières années.
« Je n’ai cessé d’attirer l’attention… » : alertes anciennes et chantiers à venir
Laurence des Cars insiste avoir lancé l’alerte dès 2024 devant les senateurs : « Je n’ai cessé d’attirer l’attention […] sur l’état de dégradation et d’obsolescence générale du Louvre, ses bâtiments et infrastructures », ainsi que sur les équipements techniques. Elle rappelle que des chantiers de rénovation sont engagés « depuis deux ans », mais que ces opérations ne suffisent pas à pallier « les difficultés structurelles de notre établissement ».
Les procédures, « complexes et longues » du marché public, imposent de « s’engager sur la durée ». Les marchés ont été lancés fin 2024 et les travaux « débuteront au premier semestre 2026″.
Des équipements, mais surtout des équipes formées
Sur le volet opérationnel, la présidente met en avant des avancées : « Depuis 2022, tous les projets de rénovation de salles ou de changements muséographiques s’accompagnent de manière systématique d’une reprise des dispositifs de sûreté, notamment l’extension de la vidéo-surveillance ».
Elle rappelle aussi la sécurisation des abords : « J’ai poursuivi la sécurisation du bâtiment et de ses abords en finalisant la pose de nouvelles grilles ». Mais la technologie ne fait pas tout : « La sûreté du musée s’appuie sur des équipements mais ces moyens ne suffisent pas sans des équipes formées et des procédures bien appliquées ».
Après une baisse sur dix ans, les effectifs de sûreté ont augmenté de 5,5 % depuis 2022, grâce aux recrutements issus du ministère de la Culture.
Des « fuites » jugées dangereuses
Laurence des Cars déplore enfin les « fuites organisées autour du rapport de la Cour des comptes », attendu prochainement sur la gestion financière et les systèmes de sécurité du Louvre. « Ces fuites constituent une grave mise en danger pour la sécurité du musée », estime-t-elle, appelant à la responsabilité de tous les acteurs.
Au-delà de l’enquête, la dirigeante réitère sa demande d’installer « un commissariat de police » à l’intérieur du bâtiment, afin de renforcer la dissuasion, accélérer la réactivité et densifier le maillage de sûreté dans un périmètre aussi vaste que sensible. L’institution dit vouloir conjuguer accès du public et protection maximale des œuvres.
