- Eurostar confie à Alstom le renouvellement d’une large part de sa flotte, avec 30 trains commandés et 20 en option.
- Le contrat, estimé à 1,4 milliard d’euros, ouvre une nouvelle phase d’expansion commerciale et industrielle des deux côtés de la Manche.
Le duel industriel a tourné à l’avantage d’Alstom face à Siemens Mobility. Avec « Eurostar Celestia », la compagnie vise plus de capacité, moins d’énergie, de nouvelles liaisons — et la fin programmée de son monopole sous la Manche comme aiguillon stratégique.
La filiale de SNCF Voyageurs passe commande de 30 trains à grande vitesse (plus 20 en option) pour 1,4 milliard d’euros. Les premières circulations sont attendues à partir de mai 2031, avec six rames opérationnelles la même année. Cette décision marque un retournement industriel : si Siemens Mobility équipe la partie la plus récente de la flotte actuelle, Alstom remporte cette fois la mise.
Dans un communiqué, Eurostar met en avant sa volonté d’offrir à ses passagers une expérience renouvelée et haut de gamme.
Les nouveaux trains, baptisés « Eurostar Celestia », seront « conçus sur mesure afin d’offrir l’expérience unique et haut de gamme attendue par les clients d’Eurostar ». Leur nom, choisi par des membres de l’équipe, provient du mot latin caelestis, signifiant “céleste” — une référence directe aux étoiles et à l’essence même du voyage.
Ce choix symbolique, souligne la compagnie, « capture parfaitement l’esprit d’une entreprise qui relie une constellation de villes à travers l’Europe ». «
Celestia » : capacités en hausse, empreinte allégée
Basés sur la plateforme Avelia Horizon, ces trains à deux niveaux verront leur capacité progresser de 20 % pour atteindre 540 sièges par rame — soit environ 1 080 sièges en unité multiple (deux rames couplées). Eurostar met en avant des économies d’énergie de 20 à 50 % par rapport à la flotte actuelle, ainsi qu’une baisse de 30 % des coûts de maintenance.
Henri Poupart-Lafarge, directeur général d’Alstom, résume l’équation gagnante visée par le projet :« En choisissant Avelia Horizon pour le renouvellement de sa flotte, Eurostar affirme sa volonté de conjuguer performance technologique, efficacité énergétique et confort passager »
Selon le dirigeant de la compagnie » Ce train nouvelle génération » est conçu pour répondre « aux exigences du trafic international à très grande vitesse, incarne notre vision d’une mobilité européenne durable et compétitive. »
Pour absorber un carnet de commandes plein pour dix ans, Alstom triple ses capacités de production à grande vitesse avec un investissement de 150 millions d’euros : une seconde ligne entrera en service dès l’an prochain à La Rochelle, tandis qu’une nouvelle ligne ouvrira à Valenciennes en 2028. À la clé, une mobilisation d’écosystèmes industriels partout en France.
Frédéric Wiscart, président d’Alstom France, cité dans le communiqué de l’entreprise, insiste sur le savoir-faire hexagonal. « Grâce à l’implication de 10 sites nationaux, nous démontrons une fois de plus l’excellence du savoir-faire ferroviaire français et notre aptitude à répondre aux enjeux de mobilité durable en Europe », affirme -t-il
La stratégie d’Eurostar : nouvelles lignes et hausse des fréquences
Au total, 2 milliards d’euros seront investis par Eurostar pour porter la flotte à 67 rames et consolider l’offre sur les réseaux transmanche et continental. L’opérateur prépare trois nouvelles liaisons au début des années 2030 : Londres–Francfort, Londres–Genève et Amsterdam/Bruxelles–Genève.
En parallèle, Eurostar entend augmenter les fréquences vers Londres, avec une cible de 30 millions de passagers en 2030 (contre 19,5 millions en 2024).
Gwendoline Cazenave, directrice générale d’Eurostar, revendique une ambition pleinement assumée pour la compagnie.
Selon elle, « cette commande historique marque la concrétisation de la stratégie de croissance ambitieuse d’Eurostar ». La dirigeante promet « un nouveau train très spécial avec Eurostar Celestia, qui offrira un confort exceptionnel, une expérience Eurostar unique et de nouvelles surprises à découvrir ».
 : +20 % de capacité, –20 à –50 % d’énergie, nouvelles liaisons dès mai 2031){kind=link}