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Réforme des retraites : la suspension coûtera 1,5 milliard d’euros — retraités et mutuelles mis à contribution jusqu’en 2028

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  • Le gouvernement détaille les conditions de la mise en pause de la réforme des retraites.
  • Une décision temporaire mais coûteuse, qui pèsera sur les retraités et les organismes de complémentaire santé dès 2026.

    Suspendue jusqu’en janvier 2028, la réforme des retraites va coûter 1,5 milliard d’euros sur deux ans. Pour combler ce manque à gagner, le gouvernement augmente la contribution des mutuelles et ralentit la revalorisation des pensions. Une double peine dénoncée par les syndicats et les acteurs de la santé, qui fustigent une mesure « injuste et injustifiée ».

Une pause coûteuse pour les finances publiques

La lettre rectificative au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), présentée jeudi 23 octobre en Conseil des ministres, acte la suspension de la réforme des retraites votée en 2023.

Selon le document examiné au Conseil d’État, cette décision coûtera 100 millions d’euros en 2026 et 1,4 milliard d’euros en 2027. Le texte reporte à janvier 2028 la reprise de la trajectoire vers 64 ans, ainsi que le relèvement progressif du nombre de trimestres requis pour un départ à taux plein.

Résultat : la génération née en 1964 pourra partir à 62 ans et 9 mois, comme la précédente, soit à partir d’octobre 2026, au lieu des 63 ans prévus. Elle n’aura à valider que 170 trimestres, au lieu de 171.

La génération 1965, elle, sera la première concernée par la reprise du calendrier en 2028, avec 171 trimestres à cotiser.

Complémentaires santé et retraités mis à contribution

Pour financer cette pause, le gouvernement fait appel à deux leviers : les mutuelles et les retraités. D’une part, le taux de contribution des organismes complémentaires santé passera de 2,05 % à 2,25 % en 2026. D’autre part, la sous-indexation des pensions par rapport à l’inflation sera accentuée : la baisse initiale de 0,4 point est augmentée de 0,5 point supplémentaire en 2027.

Avec une inflation prévue à 1,75 %, les retraités verront donc leur pouvoir d’achat rogné. Cette stratégie budgétaire, jugée pragmatique par l’exécutif, suscite toutefois de vives critiques.

Les syndicats dénoncent une « double peine » pour les retraités

Les organisations syndicales ont immédiatement réagi, dénonçant une mesure injuste et déséquilibrée. Pour Denis Gravouil, secrétaire confédéral de la CGT, « on fait payer une micro-suspension de la réforme aux retraités actuels et futurs », en évoquant notamment la hausse du taux de contribution des mutuelles « qui va se répercuter sur les salariés et encore plus sur les retraités ».

Du côté de la CFDT, même son de cloche. « Il n’est pas possible que la désindexation des pensions prévoie quasiment deux années blanches pour les retraités en 2026 et 2027″, a réagi Yvan Ricordeau, numéro deux du syndicat.

Les centrales syndicales alertent sur un risque social majeur : alors que l’inflation reste modérée mais persistante, ces ajustements risquent d’éroder durablement le pouvoir d’achat des retraités modestes.

Les mutuelles parlent d’une « taxe injuste »

La mesure fait également bondir les complémentaires santé. Le président de la Mutualité française, Éric Chenut, dénonce une décision « injuste et injustifiée ».

Sur France Inter, il parle d’une « TVA sur la santé » qui sera « payée par les assurés ». « Nous pensons que ce n’est pas par une taxe que l’on doit financer les retraites ou la santé, explique-t-il. D’autant qu’on est déjà à des niveaux de taxation démesurés. »

Selon lui, « ce ne sont pas les organismes complémentaires qui paieront, mais les adhérents eux-mêmes », rappelant que cette hausse « se répercutera sur les cotisations ».

Les mutuelles redoutent ainsi une hausse des tarifs des contrats dès 2026, alors que le secteur subit déjà la hausse des dépenses de santé et des frais de gestion.

Une réforme suspendue, mais pas annulée

Cette pause dans la réforme des retraites ne constitue pas une abrogation, mais un ajustement temporaire. L’application reprendrait en janvier 2028, sauf changement de cap après l’élection présidentielle de 2027, qui pourrait rebattre les cartes.

En attendant, le gouvernement devra défendre devant le Parlement un budget fragilisé et socialement sensible, pris entre impératif d’équilibre et contestation sociale.

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