- Le gouvernement ouvre le débat budgétaire 2026 en tendant la main à toutes les forces politiques.
- Sans majorité absolue, Matignon assume une méthode transpartisane et promet des débats « jusqu’au bout ».
À l’ouverture de la discussion générale sur le projet de loi de finances pour 2026, Sébastien Lecornu a affirmé qu’« on ne peut plus gouverner par la seule discipline d’un camp », appelant à « un changement de culture » et au « compromis » pour une « révolution tranquille » au Parlement. Un signal d’ouverture relayé par les ministres de l’Économie Roland Lescure et Amélie de Monchalin, ministre chargée des Comptes publics, qui défendent « un budget d’équité » et mise sur des « compromis d’action » avec les députés.
« L’année 2026 ne doit pas être une année de perdue pour la France, elle doit nous permettre d’avancer », Sebastien Lecornu
« travailler différemment » dans une Assemblée fragmentée
Fait inhabituel, le Premier ministre s’est lui-même rendu au Palais-Bourbon pour une déclaration d’un quart d’heure ouvrant le débat. Constatant l’absence de majorité, il a fixé le cap : « L’année 2026 ne doit pas être une année de perdue pour la France, elle doit nous permettre d’avancer. » Et de marteler : « Nous devons travailler différemment. »
Dans le même esprit, il répète que « les débats devront aller jusqu’au bout » et plaide pour une « révolution tranquille » au Parlement, car « on ne peut plus gouverner par la seule discipline d’un camp ».
Un texte « imparfait » et amendable, y compris par l’exécutif
Sébastien Lecornu assume l’incomplétude d’un budget pensé comme un point de départ : « Le budget que vous présente le gouvernement n’a pas vocation à tout régler. » Rappelant que la prochaine présidentielle sera « le véritable moment du choix », il admet : « Le budget que vous propose le gouvernement est imparfait » et promet aux députés : « Vous le modifierez. »
Le chef du gouvernement va plus loin en ouvrant la porte à des ajustements pilotés par l’exécutif lui-même : il rend possible de « modifier en séance (son) propre texte ».
Fiscalité : justice et progressivité au cœur du débat
Sur la ligne de crête entre croissance et redistribution, le Premier ministre nuance : « On ne peut pas parler de fiscalité sans parler d’économie. Mais à l’inverse, on ne peut pas débattre des prélèvements obligatoires en refusant par principe tout dialogue sur la justice fiscale et sur la progressivité de l’effort au sein des contribuables. »
Ce message se veut une réponse aux pressions venues de la gauche ces dernières heures, tout en ménageant la recherche d’équilibres au centre de l’hémicycle.
Signaux aux oppositions : travail et protection sociale
Main tendue à droite, Sébastien Lecornu se dit disposé à élaborer « des mesures de valorisation du travail » et à faire avancer « en parallèle » du budget « l’allocation sociale unique ». Objectif affiché : agréger des majorités de projet, texte par texte, en assumant le cas par cas.
« Rétablir la confiance » et cadrer le compromis
Pour le ministre de l’Économie, Roland Lescure, « le rétablissement de la confiance est essentiel ». Il appelle à « lever les incertitudes » et présente le projet de loi de finances comme « un point de départ ». Devant les députés, il défend « un budget d’équité qui mobilise les plus fortunés », tout en insistant sur la nécessité d’un dialogue constructif.
« La justice fiscale n’est pas la surenchère fiscale», Roland Lescure
S’adressant directement à l’hémicycle, il invite les parlementaires à s’approprier le texte : « Ce texte est désormais le vôtre : discutez-le, amendez-le et votez-le. » Mais il met en garde : le compromis politique « ne fera pas disparaître notre dette » et « concession ne veut pas dire déraison ». Avant de conclure sur une mise au point : « La justice fiscale n’est pas la surenchère fiscale. »
De son côté, Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics, défend une approche pragmatique fondée sur des « compromis d’action ». « Nous pouvons trouver des compromis d’action » au cas par cas, affirme-t-elle, tout en s’engageant à plus de « transparence ». Et de rappeler la responsabilité collective des élus : « Le budget est entre vos mains, les Français vous attendent (…) C’est à nous collectivement d’agir pour qu’il y ait un budget. »
