- L’Union européenne veut reprendre la main sur l’approvisionnement en matières premières critiques après les restrictions d’exportation décidées par Pékin.
- À Berlin, Ursula von der Leyen a dévoilé les grandes lignes d’un plan d’action baptisé « RESourceEU » pour sécuriser l’industrie européenne.
Face au durcissement chinois, Bruxelles muscle sa riposte. « Notre réponse doit être à la mesure des risques auxquels nous sommes confrontés dans ce domaine », a lancé la présidente de la Commission européenne, qui « travaille à un plan » pour sortir l’UE de sa dépendance aux terres rares et matériaux pour batteries — essentiels à l’automobile, aux machines-outils et à la défense.
Un plan inspiré de la gestion de la crise énergétique
Présenté samedi 25 octobre à Berlin, RESourceEU s’inspire « du modèle de l’initiative qui nous a aidés à surmonter ensemble la crise énergétique après que [le président russe Vladimir] Poutine nous a privés des énergies fossiles russes », a expliqué Ursula von der Leyen. L’ambition est claire : « L’objectif est de garantir l’accès de notre industrie européenne à d’autres sources de matières premières critiques » à court, moyen et long termes.
Premier levier : l’économie circulaire
Bruxelles place la circularité au cœur de la stratégie : réemploi, réparation et recyclage des composants déjà présents dans les produits vendus en Europe.
« Certaines entreprises peuvent recycler jusqu’à 95 % des matières premières critiques contenues dans les batteries », a souligné la présidente de la Commission.
L’idée : réduire la pression sur les importations tout en abaissant l’empreinte environnementale des filières.
Accélérer l’investissement dans des projets stratégiques
Deuxième pilier, le coup d’accélérateur aux projets industriels européens. La Commission veut stimuler l’investissement dans l’exploration, l’extraction, le raffinage et la transformation sur le sol européen. Le dossier est piloté par Stéphane Séjourné, commissaire européen à la Prospérité et à la Stratégie industrielle, qui vient de lancer un nouvel appel à projets.
En 2024, Bruxelles avait déjà retenu 47 projets couvrant toute la chaîne de valeur. Les lauréats, anciens comme nouveaux, bénéficieront d’un accompagnement administratif et juridique sur des dossiers complexes, ainsi que d’aides financières ciblées. Cap affiché : extraire 10 % des besoins de l’Europe depuis son propre sous-sol d’ici 2030.
Diversifier les sources avec des partenariats internationaux
Troisième axe, la diplomatie des matières premières. L’exécutif européen veut accélérer les partenariats avec des pays disposant de réserves et de capacités de transformation : Ukraine, Australie, Canada, Kazakhstan, Ouzbékistan, Chili, Groenland.
Objectif : sécuriser des volumes, stabiliser les prix et réduire l’exposition de l’UE aux chocs géopolitiques liés à un fournisseur unique.
Des garde-fous : durabilité, traçabilité, acceptabilité
Les projets devront respecter des critères stricts de développement durable, de sécurisation des approvisionnements et de traçabilité. En France, la mise en œuvre s’appuie déjà sur un délégué interministériel aux approvisionnements en minerais et métaux stratégiques, rattaché à Bercy, qui coordonne l’action de l’État avec les autorités européennes et les industriels.
