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Productivité, eau, innovation : les priorités du plan de modernisation agricole en Algérie

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  • La Conférence nationale sur la modernisation de l’agriculture s’est ouverte lundi 27 octobre au Centre international des conférences (CIC) d’Alger.
  • Pendant deux jours, décideurs publics, partenaires économiques et experts tracent une feuille de route pour la sécurité alimentaire dans un contexte de stress hydrique et de changement climatique.

   Portée par le ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, la rencontre place l’innovation, la gestion de l’eau et la gouvernance par la donnée au cœur d’une transformation présentée comme une « véritable révolution agricole ».

« Nous sommes devant une équation difficile », admet le ministre Yacine El Mahdi Oualid, qui souligne des « retards importants » et appelle à « amorcer une véritable révolution agricole fondée sur la science, la technologie et une volonté résolue ».

À l’ouverture des travaux, le ministre a dressé un diagnostic sans détour. Les défis sont nombreux — modernisation lente, adoption partielle des nouvelles technologies, vulnérabilité aux aléas climatiques — mais l’ambition est claire : accélérer la transformation du secteur avec des objectifs mesurables et une gouvernance appuyée sur des preuves.

« Amorcer une véritable révolution agricole fondée sur la science, la technologie et une volonté résolue », Yacine El Mahdi Oualid, ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche ( photo fournie)

Des indicateurs qui plaident pour l’urgence

 Les chiffres présentés lors de la conférence témoignent de l’ampleur du chantier à mener pour moderniser l’agriculture algérienne. Le rendement moyen en céréales atteint à peine 18 quintaux à l’hectare, alors que des pays soumis aux mêmes conditions climatiques dépassent 35 quintaux à l’hectare. Cette différence illustre le retard en matière d’utilisation de semences améliorées, d’irrigation et de techniques de culture modernes.

Même constat pour la filière laitière : la productivité moyenne des vaches ne dépasse pas 3 000 litres par an, un niveau faible comparé aux standards internationaux. À cela s’ajoutent des pertes post-récolte estimées entre 20 et 30 % de la production annuelle, causées par l’insuffisance des chaînes de froid, de stockage et de transformation, qui grèvent lourdement la rentabilité du secteur.

Le ministre a souligné que seulement 15 % des superficies irriguées bénéficient de techniques modernes, alors que l’Algérie fait face à une réduction continue de ses ressources hydriques. Malgré une superficie agricole immense, seuls 8,5 millions d’hectares sont effectivement exploités, soit à peine 3,6 % du territoire national.

Pourtant, le secteur demeure un pilier économique majeur, représentant 14,5 % du PIB et plus de 2,6 millions d’emplois. Des chiffres qui traduisent à la fois le poids stratégique de l’agriculture et son potentiel largement sous-exploité.

« ces chiffres portent un double message : ils révèlent d’une part l’immense potentiel encore inexploité, et d’autre part l’ampleur des défis à relever », a indiqué Yacine El Mahdi Oualid

L’eau, priorité nationale : du goutte-à-goutte aux eaux traitées

Au sommet des priorités : une révolution de la gestion de l’eau. L’Algérie capte et valorise seulement 7 % d’environ 100 milliards de m³ de précipitations annuelles. Le plan vise l’extension rapide du goutte-à-goutte, le recyclage des eaux usées traitées en agriculture et la généralisation d’outils de pilotage hydrique pour sécuriser les rendements.

Objectif céréales : 35 qx/ha en cinq ans

 Le ministère fixe un cap : porter le rendement céréalier à 35 qx/ha d’ici cinq ans. Un objectif jugé « réaliste » via l’utilisation de semences améliorées à haut rendement, l’agriculture de précision, le recours à l’intelligence artificielle et l’amélioration de la fertilité des sols « par des programmes scientifiques étudiés ».

Pour « mettre fin aux estimations aléatoires », un système d’information national unifié verra le jour. Il s’appuiera sur la télédétection par satellites, l’usage de drones et l’intégration d’indicateurs partagés. Le ministère veut mobiliser les universités et les start-up actives en agriculture intelligente, gestion moderne et amélioration de la productivité.

Sahara et Hauts-Plateaux : des leviers stratégiques

 Le gouvernement met en avant 1 million d’hectares exploitables en agriculture saharienne, portés par d’importantes réserves d’eau souterraine — un « réservoir stratégique pour la sécurité alimentaire nationale ».

Les Hauts-Plateaux offrent 20 millions d’hectares favorables au pâturage et à la culture fourragère, avec un fort potentiel pour des serres photovoltaïques. L’objectif : nourrir une « Algérie de 65 millions d’habitants », accroître les exportations et faire émerger un modèle agricole intelligent et durable à forte valeur ajoutée.

Un Conseil scientifique pour ancrer l’innovation

La conférence a été l’occasion d’installer le Conseil scientifique national de la sécurité alimentaire, coprésidé à la cérémonie par les ministres Yacine El-Mahdi Oualid et Kamel Baddari. Placée sous la présidence d’Ammar Azioune, directeur du Centre national de recherche en biotechnologie (Constantine), l’instance réunit 34 chercheurs et enseignants ainsi que des représentants de plusieurs départements ministériels.

Azioune a indiqué que d’autres compétences nationales pourront rejoindre le Conseil afin d’accompagner le secteur par des méthodes fondées sur la science, le savoir et l’innovation, via un plan d’action aligné sur les priorités du ministère.

 

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