- Les banques commerciales de la zone euro ont serré la vis au troisième trimestre, malgré la détente monétaire.
- La nervosité autour des perspectives économiques et des droits de douane freine l’appétit au risque des prêteurs.
Enquête trimestrielle à l’appui, la BCE constate un resserrement inattendu des conditions d’octroi de prêts aux entreprises, particulièrement marqué en Allemagne. La demande progresse mais l’expansion du crédit reste modérée, tandis que l’immobilier affiche un statu quo sur les critères et une forte hausse des demandes.
Un coup de froid malgré des taux plus bas
Portée par deux points de pourcentage de baisse des taux directeurs cette année, la croissance des prêts a progressé sur une bonne partie de l’année. Mais l’élan demeure fragile, lesté par un environnement géopolitique et commercial incertain. Comme le résume l’enquête menée par la BCE auprès de 154 grandes banques du bloc : « Les risques perçus en termes de perspectives économiques ont contribué au resserrement des normes de crédit. »
La Banque centrale souligne que les établissements ont renforcé leurs filtres sectoriels et leur aversion au risque : « Les banques ont également cité le niveau élevé actuel d’incertitude géopolitique et les risques commerciaux comme des motifs pour le faire le tri entre les secteurs ou les entreprises lors de l’octroi de nouveaux prêts », précise encore la BCE, notant une « intensification de la surveillance et de l’analyse ».
Le durcissement est d’abord allemand, où les standards de crédit se sont tendus tant pour les entreprises que pour l’immobilier. A contrario, France, Italie et Espagne ont maintenu des conditions d’octroi inchangées, signal d’un marché du crédit moins heurté par les incertitudes commerciales.
Entreprises : une demande en hausse… moins forte qu’anticipé
La demande de prêts des sociétés a encore augmenté au T3, mais moins qu’attendu, et le rythme global reste faible.
« La demande de prêts a été soutenue au troisième trimestre par la baisse des taux d’intérêt et par l’augmentation des besoins de financement pour le refinancement ou la restructuration de la dette, tandis que l’impact de l’investissement fixe, des stocks et des fonds de roulement a été neutre », souligne la BCE
En glissement annuel, le crédit aux entreprises progresse de 2,9 % en septembre, proche d’un pic de deux ans, mais encore en deçà des rythmes d’environ 4 % observés avant la pandémie.
Concernant les prêts au logement, les critères d’octroi sont restés inchangés au troisième trimestre, contrairement aux anticipations de léger assouplissement. Les banques prévoient un accès normal au crédit immobilier au quatrième trimestre. Là encore, l’Allemagne se distingue par un durcissement, quand France, Italie et Espagne demeurent stables.
Dans le même temps, la demande de prêts hypothécaires a nettement augmenté au T3, et les établissements anticipent une accélération à court terme.
Pour le quatrième trimestre, les banques tablent sur des normes de crédit et des volumes de prêts aux entreprises globalement inchangés. Un scénario d’attente, où l’effet porteur des taux plus bas se heurte aux doutes persistants sur la conjoncture et les échanges internationaux.
