- Deux jours avant l’ouverture des débats sur le budget de la Sécurité sociale pour 2026, la Cour des comptes tire la sonnette d’alarme.
- Dans un rapport publié ce lundi, les Sages constatent une dérive du déficit et pointent des économies 2026 jugées incertaines.
Le déficit de la Sécurité sociale devrait atteindre 23 milliards d’euros en 2025, soit 7,7 milliards de plus en un an. Pour la Cour des comptes, cette dynamique révèle « une perte de contrôle de la trajectoire des finances sociales » dans un contexte sans crise aiguë, tandis que le gouvernement vise 17,5 milliards de déficit en 2026 grâce à des mesures dont la soutenabilité interroge.
Un déficit 2025 qui s’envole
Dans leur rapport, les Sages observent que les recettes progressent au même rythme que la richesse nationale (+2,5 %) quand « les dépenses vont beaucoup plus loin » (+3,6 %), a précisé le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici.Résultat : 23 milliards d’euros de déficit attendus en 2025, un niveau plus que doublé par rapport aux dernières années récentes et le plus élevé (hors années exceptionnelles de la crise Covid) depuis 2012.
« Ce n’est pas une situation saine et tenable, il convient de la rectifier maintenant« , a prévenu Pierre Moscovici.
À l’exception de la branche famille, toutes les branches affichent un déficit. La maladie porte l’essentiel de la charge à –17,2 milliards, devant la vieillesse à –5,8 milliards. La Cour estime que ces déséquilibres structurels illustrent « une perte de contrôle de la trajectoire des finances sociales ».
Budget 2026 : un redressement jugé « fragile »
Le projet gouvernemental pour 2026 ambitionne de ramener le déficit à 17,5 milliards d’euros, en combinant 9 milliards d’économies en dépenses et 2,1 milliards de mesures en recettes. S’il amorce un mouvement de redressement, la Cour le qualifie de « fragile » et « soumis à de fortes incertitudes ».
Les Sages pointent d’abord des hypothèses macroéconomiques « volontaristes » côté recettes. Côté dépenses, l’effort est « important mais concentré sur un petit nombre de mesures » susceptibles d’être remaniées au fil du débat parlementaire.
Mesures sensibles : gel de prestations et franchises médicales
Deux leviers concentrent l’essentiel des économies ciblées : 2,5 milliards d’euros via le gel des prestations et 2,3 milliards grâce au doublement des franchises médicales. Or ces dispositions, à fort impact social et politique, pourraient ne pas figurer telles quelles dans le texte final. D’où, pour la Cour, un objectif de maîtrise de la dépense sociale en 2026 « très ambitieux ».
Alors que les députés s’apprêtent à entamer l’examen en séance du budget de la Sécurité sociale, l’avertissement de la Cour des comptes place l’exécutif face à un arbitrage délicat : assurer la soutenabilité financière sans dégrader l’accès aux soins ni érosion du pouvoir d’achat social. Le cœur des discussions portera sur l’ampleur des économies, la crédibilité des recettes et la trajectoire pluriannuelle de retour à la normale.
