- Deux jours après un premier signalement visant Shein, la tempête s’étend à d’autres géants asiatiques du e-commerce.
- À Paris, la justice et les autorités de contrôle durcissent le ton face à des manquements graves à la protection des mineurs.
Le parquet de Paris a ouvert quatre enquêtes visant Shein, AliExpress, Temu et Wish pour la « diffusion de message violent, pornographique, ou contraire à la dignité accessible à un mineur ». Saisie par la DGCCRF, la justice examine notamment la commercialisation de « poupées à caractère pédopornographique », tandis que le gouvernement menace d’un blocage des plateformes en cas de récidive.
Quatre enquêtes ouvertes et confiées à l’Office des mineurs
Le parquet de Paris a annoncé l’ouverture de quatre enquêtes visant Shein, AliExpress, Temu et Wish. Elles ont été confiées à l’Office des mineurs (Ofmin) et portent sur la « diffusion de message violent, pornographique, ou contraire à la dignité accessible à un mineur » pour les quatre sites, ainsi que sur la « diffusion de l’image ou la représentation d’un mineur présentant un caractère pornographique » pour Shein et AliExpress.
Plus tôt, la DGCCRF a indiqué avoir saisi le procureur de la République après avoir « constaté la commercialisation de poupées à caractère pédopornographique par AliExpress ». Dans son communiqué, la Répression des fraudes souligne que la « description » et la « catégorisation » de ces produits « permettent difficilement de douter du caractère pédopornographique des contenus ».
L’administration précise avoir « élargi ses investigations à d’autres plateformes de e-commerce largement fréquentées par les consommateurs français », tout en portant l’ensemble des faits à l’attention des plateformes concernées et en les signalant au procureur de la République et à l’Arcom.
La DGCCRF rappelle qu’en l’absence de mesures de filtrage efficaces visant à protéger les mineurs, « la loi prévoit des peines d’amende pouvant aller jusqu’à 3 ans de prison et 75 000 euros d’amende ». Elle souligne également que la commercialisation de « plusieurs contenus pornographiques » a été constatée sur AliExpress d’autres plateformes, « sans aucune mesure de filtrage ».
Shein réagit : interdiction globale et retrait des contenus
Dans la foulée, Shein a annoncé une « interdiction totale des produits de type poupée sexuelle ». L’entreprise affirme avoir supprimé l’intégralité des annonces et visuels associés aux « poupées sexuelles » et temporairement déréférencé sa catégorie « produits pour adultes ». Selon la marque, ces mesures s’appliquent partout dans le monde.
L’exécutif hausse le ton : jusqu’au blocage en France
Invitée sur BFMTV, Anne Le Hénanff, ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique, a lancé un avertissement ferme à Shein :
« Le rapport de force avec Shein ne me fait pas peur, j’irai jusqu’au bout avec le soutien du président, du ministre de l’Économie et du Premier ministre. »
La ministre met en demeure les plateformes : « Soit il se met en conformité du règlement européen et de la loi française, soit il ne le fait pas (…) et il y aura une nouvelle injonction », prévient-elle, ajoutant qu’en cas de « réitération (…) nous irons jusqu’à la fermeture de l’accès de Shein en France ».
Dans le même esprit, le ministre de l’Économie a laissé entendre qu’en cas de « comportements répétés » et de nouveaux produits problématiques, l’autorité administrative pourrait saisir les fournisseurs d’accès à Internet (Free, Orange, SFR) ainsi que les moteurs de recherche, afin de faire bloquer et déréférencer le site.
Une enquête pour identifier vendeurs et acheteurs
La ministre a confirmé l’ouverture d’une enquête pour identifier les acheteurs et les vendeurs : « Le référencement n’est pas virtuel, il y a bien chez Shein des acheteurs qui choisissent les produits », a-t-elle souligné, rappelant que les peines prévues par le Code pénal pour l’achat d’articles illicites peuvent atteindre cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende.
