- Le patron du Medef, Patrick Martin, ne participera pas à la conférence « travail et retraites » voulue par l’exécutif.
- Il revendique un dialogue social autonome, à l’abri de tout « mentorat » gouvernemental.
Le Medef se retire de la conférence sociale avancée par le gouvernement après la suspension de la réforme des retraites. Patrick Martin justifie ce départ par des « interférences » récurrentes de l’exécutif, tout en promettant de poursuivre, entre partenaires sociaux, les négociations sur l’emploi, la protection sociale et le modèle productif.
« Quand il y a des interférences… ça ne marche pas »
Invité sur BFMTV, Patrick Martin a expliqué la décision de claquer la porte : « Toutes les expériences démontrent, y compris le conclave sur les retraites, que quand il y a des interférences, une espèce de mentorat du gouvernement, ça ne marche pas ».
Le président de la première organisation patronale précise toutefois : « Ça ne veut pas dire qu’on ne veut pas s’emparer de ces thèmes ». Il souhaite au contraire une négociation « autonome », décorrélée de l’agenda politique.
Un agenda social « non indexé » sur des échéances politiques
Selon Patrick Martin, les sujets proposés par l’exécutif ne sont pas nouveaux : « Les thèmes proposés sont exactement ceux sur lesquels tous les partenaires sociaux se sont accordés au mois de juin pour travailler dans ce qu’on appelle le dialogue social autonome ».
Et de résumer sa méthode : « Je suis beaucoup plus à l’aise dans les discussions autonomes (…) sans le gouvernement. »
Une décision unanime du Medef
L’organisation patronale a officialisé son retrait : le Medef « a signifié qu’il ne participera pas à la conférence travail et retraites », une décision unanime de ses instances mardi 4 novembre. Elle était représentée par ses négociateurs habituels, Patrick Martin étant en déplacement à l’université des entrepreneurs normands.
Pour l’organisation, « il y a déjà un agenda social autonome défini par les partenaires sociaux » et celui-ci « n’est pas indexé sur des échéances politiques ».
Emploi des seniors : l’exemple des accords… et des blocages
Pour illustrer sa position, Patrick Martin évoque un accord conclu « en novembre dernier » sur l’emploi des seniors et les reconversions, obtenu dans un cadre sans tutelle gouvernementale.
À l’inverse, il déplore un échec quelques mois plus tard : « Le même accord n’a pas abouti au printemps 2024 parce que matin midi et soir l’exécutif interférait dans nos discussions », regrette-t-il.
Ce que le Medef veut encore négocier
Le retrait de la conférence ne vaut pas retrait des dossiers. Patrick Martin promet de poursuivre les négociations avec les partenaires sociaux sur plusieurs chantiers : l’emploi des jeunes ; le financement de la protection sociale (et pas uniquement des retraites) ainsi que le modèle productif.
La « conférence travail et social », voulue par le Premier ministre après la suspension de la réforme des retraites, devait s’ouvrir fin novembre mais son lancement a été avancé. Devant le Sénat, Sébastien Lecornu a indiqué que le gouvernement proposerait notamment de confier la gestion du système de retraites, déficitaire de 23 milliards d’euros en 2025, aux partenaires sociaux.
